Hugo SABY

HUGO SABY

56m de dénivelé

56m de dénivelé est une restitution de résidence de recherche et de création menée au sein du Centre Culturel Jean Cocteau, sur le territoire des Lilas (93).
A la manière d’un archéologue, j’ai décaissé la ville point d’altitude par point d’altitude et déroulé un récit sculptural des expériences vécues dans le territoire.
Le plus bas se trouve à 56 mètres du sommet de la colline où est construite la ville. Voici le champ d’action et le titre du projet. Par un recueil de témoignages, de terres et d’empreintes, se dresse le portrait en creux d’un territoire-matrice qui imprime ses spécificités, ses récits et ses formes dans un ensemble d’œuvres-fragments. 

Pied de table d'objets encombrants

Petite boîte posée sur des marches

Boîte à lettres

Peinture écaillée

2 panneaux de treillis soudé

Fragment de rembarde 1

Bouche d'incendie

Grille d'évacuation d'eau

Fragment de rambarde 2

Parpaing creux cassé

Morceau de chantier

Trou creusé

Cailloux et béton

Gros caillou

Pied de table d'objets encombrants

Béton plissé sur un bateau

Monticule de tasseaux de bois

Trottoir avant passage piéton

Transformateur électrique coloré

Grillage sur caillou

La maison d'Ahmed - La maison de Nicole

Morceau de chantier

Fragment de rambarde 3

Muret

Fissure 1 ; Fissure 2

Fragment de rambarde 4

Caillou et branche dans un trou de chaussée

Semelle de chaussure de ville dans le béton

Fragment de rambarde 5

Gros caillou 

Une femme et un homme sortent des arbres, un joint et une bière chacun dans les mains. À moi : « Tu me trouves belle ou tu me trouves jolie ? »
Après que je n’ai rien répondu, elle me dit « Merci mademoiselle » et reprend le sentier avec l’homme qui l’accompagne.

Puis elle me crie « Je suis sa remplaçante c’est pour ça ! »

Boîte à lettres

 J’avais repéré sur un plan qu’au point le plus haut des Lilas y était inscrite la mention « Parti Communiste Français ». Pour une ville anciennement rouge, j’ai trouvé cela plutôt joli, j’ai  donc décidé de m’y rendre.
Sur le plan, une maison est indiquée. Lorsque je suis devant, je ne vois absolument rien, mis à part une maison toute en hauteur, petit portail ouvert.
Une vieille dame qui passait par là me demande si je cherche quelque chose. Je lui réponds que je cherche le parti communiste, ce à quoi elle me répond que oui, mais que ça fait longtemps « qu’on ne les a pas vus ».

En entrant dans la petite cour de la maison, je décalque une des nombreuses boîtes aux lettres, celle avec écrit dessus « Amis de l’humanité ».

Trottoir avant passage piéton

 Accroupi, je m’applique à bien décalquer le sol. J’entends comme une explosion derrière moi et quelques bris de verre viennent s’échouer sur mon plexiglas.
Lorsque je me retourne, je vois un homme qui roule au sol un casque sur la tête. Une voiture continue sa route puis s’arrête 20 mètres plus loin.
Je suis le premier sur les lieux, l’homme se met à crier de douleur. C’est dans les jambes.
Un homme qui travaillait à proximité du croisement est sorti dans les secondes qui ont suivi avec barrières de chantier, tandis qu’un autre appelait les pompiers sur le trottoir d’en face. Confus, je ne savais pas trop quoi faire à part lui parler un peu et lui dire que tout allait bien aller.

Les pompiers ont fini par arriver et je me suis éclipsé avec mon matériel.

Parpaing creux cassé

Avec mon altimètre, je cherche le « point 75 » ; je quitte le petit sentier, je coupe à travers le bois. Au milieu de plus rien, il y a des déchets et un homme qui semble chercher quelque chose au sol.
Il est maigre, torse nu sous sa chemise ouverte, et me regarde. Un peu effrayé, je continue à grimper la pente très raide au milieu des branches. L’homme me suit. Je me retourne et il a toujours les yeux baissés.

Enfin je trouve le « point 75 ». Je décide de faire ma prise d’empreinte malgré sa présence. J’ai fini par m’habituer au bizarre de la situation et des 15 minutes qu’ont duré mon travail, il marchait les yeux rivés au sol autour de moi dans un rayon de 10 mètres.

Quand je me suis levé, il a redescendu la pente pleine de branches.

Fissure 1 ; Fissure 2

 Un homme vient à moi, un coude en avant. Il me demande s’il a un bouton là, la faute à une guêpe ?Je lui dis qu’il n’a rien. Il part et me remercie en agitant son coude.

Semelle de chaussure de ville dans le béton

 Dans le passage des Sablons, un camion bloque le passage. Cela me laisse tout l’espace et le temps pour faire mon moulage.

Un homme s’approche :
« Qu’est-ce que vous faites ? »
« Qui vous finance ? »
Puis :
« Mais qu’est-ce que vous faites ? »
Enfin :
« Ah ! C’est ce qu’on appelle des concepts d’Art Contemporain sûrement ! »

Je suis devant le grillage rouge bordeaux d’une maison. On n’en voit qu’un bout, des volets fermés, une terrasse en friche et pas de vie.

Un agent immobilier et un potentiel acheteur arrivent. L’agent me regarde :
« Qu’est-ce que vous faites ? »

HUGO SABY